My first time ever que je vois (et photographie) des aurores boréales. Où ? En France, à Dijon !
Cela fait un moment que je vois passer des photos d'aurores capturées en France. Il faut dire que nous nous rapprochons du pic d'activité solaire prévu pour 2025, accroissant significativement la probabilité d'apercevoir ces lueurs sous nos latitudes pourtant trop méridionales. Alors quand j'ai vu il y a quelques jours que la communauté française de chasseurs d'aurores boréales était en ébullition face aux données publiées par la "météo solaire", j'ai réservé ma soirée du vendredi. Malgré mon bagage scientifique, je dois bien admettre que j'y comprends rien moi à tous ces chiffres mais les grands gourous de la commu sont confiants, ce vendredi pourrait bien être un de ces rares jours où l'on pourrait capturer une aurore boréale.
Étape suivante, taxer l'appareil photo numérique de mon père. Après négociation il accepte. Problème, je ne suis pas photographe et je ne sais absolument pas m'en servir. S'en suit donc une formation, 5 minutes montre en main, pour résumer les classiques : bouton on/off, déclencher la photo, regarder le résultat sur le petit écran. C'est bon, me voilà photographe improvisé.
Il est 22h et mes réseaux s'affolent. Ça y est. Maintenant. Tout de suite. Aurores ! Pas le temps de niaiser.
Je m'installe au premier endroit qui me vient à l'esprit orienté plein nord et sans trop de pollution lumineuse. Sauf que franchement, là où je suis, pour faire des photos stylées, ben c'est un peu pourri. Pas grave parce que la claque est immédiate : je peux voir une aurore boréale à l'oeil nu depuis mon bled natal. C'est d'un rouge pétant, c'est magnifique. Cela dure une vingtaine de minutes et ça s'estompe. Je ne vois plus rien. Je rentre pour vider la carte mémoire de l'appareil.
Il est minuit et je sens en moi une envie irrépressible de ressortir. Je sais que c'est une nuit exceptionnelle et il faut dire aussi que j'aime bien ça trainailler dehors la nuit, alors j'ai rien à perdre. À peine sorti de la maison je vois que le spectacle est à nouveau grandiose, je cours à la voiture pour aller sur un spot un peu plus bucolique à à peine 3 km de chez moi. Il y a un plan d'eau, idéal pour avoir des reflets.
Aucun regret, c'est magnifique. Je vois de mes yeux des formes plus complexes et de faibles mouvements. La photo vient m'apporter toutes ces couleurs que je ne perçois pas. De longues minutes s'écoulent. Peut être une heure ?
Puis tout à coup les étoiles réapparaissent, elles qui étaient cachées par la lumière des aurores. Ce paysage céleste que je chéris tant d'ordinaire me parait, pour la première fois, bien fade... Heureusement, je n'ai pas besoin d'attendre longtemps pour que cela reprenne.
Cela fait maintenant un long moment que je suis dans l'obscurité, mes yeux sont parfaitement sensibles. J'ai l'impression que le ciel s'embrase malgré la très faible intensité du phénomène. C'est à peine perceptible pour l’œil humain mais le spectacle est saisissant. Je comprends vite que le plus dur sera de me trouver une raison de rentrer. Je vois plusieurs étoiles filantes mais cela n'attire que peu mon attention. Je resterai là jusqu'à 03h30, avec quelques dizaines de batraciens pour me tenir compagnie.
Moi qui suis habitué à un appareil argentique et au déclenchement parcimonieux (tarifs actuels obligent), je me surprends à mitrailler dans l'espoir de faire un beau timelapse. Pas moins de 1 965 photos sont prises. J'en profite pour enregistrer le concert des crapauds pour ajouter de l'immersion (du sensationnel même!) à la future vidéo.
Je ne savais pas encore que je venais de passer ma nuit à observer les conséquences d'une tempête géomagnétique majeure, classée G5. 20 ans que ce ne s'était pas produit ! Je n'imaginais pas non plus la couverture médiatique de l'évènement le lendemain.
Une chose est sûre, je ne regarderai plus jamais le nord de la même façon 💚💙💜
— Textes et Photos par Tristan —
Fontaine Saint-Bénigne, le 11 mai 2024
— Time Lapse by Tristan B. —
Rendez-vous le lendemain en trio, pour une seconde soirée de prise de vue nocturne, avec cette fois-ci un succès plus mitigé.
On peut retrouver, sur les photos suivantes, le voile résiduel violet des aurores boréales.