ferronnerie motif chardon

Mille et un jours...

Publié le

Catharsis

J'irai pas à votre hôpital
J'irai pas, j'irai pas
J'irai pas à vos Facebook
J'irai pas, j'irai pas
J'irai pas à vos Facebook
J'irai pas, j'irai pas
J'irai pas à vos colonies de vacances
J'irai pas, j'irai pas
J'irai pas à votre enterrement
J'irai pas, j'irai pas

J'irai pas par Brigitte Fontaine [2020]

Si bien des gens de bonne volonté...

voulaient nous donner la main, Bouchier, village abandonné de la haute vallée de la Durance, renaitrait de ses ruines et de son tragique silence.

Situé à 1500 mètres d'altitude, bien exposé à "l'adret", ce village s'adosse à un magnifique chaos de rochers sous lesquels s'ouvrent les caves — véritables frigidaires — autrefois utilisées par les montagnards pour conserver légumes et provisions de tous genres.

Texte manuscrit à destination de la presse des Hautes-Alpes
Manuscrit - Collection privée

Des buttes qui environnent Bouchier un extraordinaire panorama s'offre au regard : au Nord, Briançon et sa ceinture de forts avec à l'arrière-plan, les premiers massifs italiens ; disséminés dans la vallée, Villard St Pancrace, Le Villaret, Prelles ; à l'Est, St Martin, Queyrières, dominés par les hameaux du Pas du Rif et des Poux bâtis sur de splendides replats ; Au Sud, L'Argentière-la-Bessée et son curieux verrou glaciaire ; à l'Ouest, enfin, la vallée de Vallouise et ses monts neigeux qui l'encadrent, Pic de Bonvoisin, Massif du Pelvoux...

Les mots sont bien impuissants pour dépeindre la splendeur de ce site aux multiples visages, selon l'heure de la journée ou de la nuit.

Lever du soleil illuminant peu à peu toute la vallée, arêtes des roches se détachant, vives, sur un ciel d'un bleu méditerranéen, clartés de la lune se jouant, dans les forêts de mélèzes ou sur les cimes sombres, milliers de feux s'allumant au crépuscule, accrochés, de-ci, de-là, à flanc de coteau, au bord de la Durance, le long des routes, sont autant d'images qui rendirent ce lieu cher à quelques campeuses qui participaient là au camp d'été de la Fédération Française des Eclaireuses - (mouvement de scoutisme féminin) - groupe de Dijon.

Et c'est ainsi que naquit, chez ces campeuses, Eclaireuses Aînées, un grand désir : travailler, avec d'autres Eclaireuses Aînées, avec d'autres jeunes, à redonner la vie à ce village durant la belle saison, à créer un centre de vacances pour d'autres jeunes, jeunes deshérités qui ignorent bien souvent la joie des départs en vacances.

Et, très vite, ce projet rencontra, chez les habitants des villages voisins, une réelle sympathie - certains d'entre eux, nés à Bouchier, sont encore très attachés à leur village natal où ils reviennent fréquemment -

Maître Daurelle, le dynamique maire de St Martin de Queyrières, commune dont dépend, administrativement, Bouchier, a bien voulu apporter aux Eclaireuses, mieux que des encouragements, de sérieuses promesses d'aide : autorisation d'occuper et d'aménager école et presbytère, installation de l'électricité, réfection de la route, en un point quelque peu dangereux, abatage et nivelage des ruines, etc...

Bien sûr, presbytère et école ne sont pas en parfait état et des réparations sont à entreprendre.

Mais les Eclaireuses Aînées ont foi en la valeur de leur projet ; la foi appelle la foi ; d'autres bonnes volontés se joindront à la leur. Et chacun saura, le moment venu, offrir, qui, ses forces, qui, ses compétences, qui, son aide financière.

Déjà, au cours du mois passé à Bouchier, les Eclaireuses Aînées ont blanchi à la chaux quelques pièces de l'école et du presbytère ; un camp de travail est prévu à Pâques 1956 et un groupe de volontaires est en voie de constitution.

Nul doute qu'un jour proche l'école ne retrouve sa destination première et ne redevienne un foyer de culture artistique dans un Bouchier vibrant des rires et des chants d'une jeunesse heureuse d'oublier, pendant quelques jours, les soucis de la ville, dans un climat de fraternité, face au hameau des Poux revenu, lui aussi, à la vie, nous l'espérons, quand la route qui y conduit sera achevée.

Et les campeuses Dijonnaises, sensibles à l'accueil chaleureux de Maître Daurelle (N'ont-elles point trouvé, lors d'un camp volant, gîte agréable en sa maison ?) comme à son adieu : "Revenez l'an prochain et revenez au moins cent", sensibles également au dévouement de Monsieur l'Instituteur de St Martin, de Monsieur le Curé de Prelles, à la cordialité, à l'esprit de service des habitants de St Martin de Queyrières, de Prelles, de Villard Meyer, de Bouchier redisent à tous "merci et à l'année prochaine".

N.B. : Toutes les personnes intéressées par ce projet et désireuses d'apporter leur aide aux Eclaireuses Aînées Dijonnaises peuvent s'adresser à : Mle Monique GRAPIN, commissaire Provinciale de la Fédération Française des Eclaireuses, Longecourt-en-Plaine (Côte-d'Or)

Chantier Jeunesse et Reconstruction, 18 juillet - 10 Aôut 1956, à Bouchier par Prelles (Hautes-alpes)

en collaboration avec la Fédération Française des Eclaireuses, Province Bourgogne - Franche-Comté.

Organisation du chantier :
Sur le plan matériel : Intendance entièrement assurée par les responsables F.F.E., la cuisine et les services par les Eclaireuses Ainées, au nombre d'une dizaine.
Sur le plan culturel : Veillées et sorties préparées et dirigées, dans leur presque totalité par les responsables F.F.E.
Rapport avec l'extérieur : assurés par la F.F.E. avant et pendant le chantier.

Travaux effectués au cours des trois semaines

  1. Divers : Aux abords du village : Aménagement de la route, (recreusement des fossés, nivellement), aménagement d'une plate-forme permettant les manoeuvres et le garage des voitures.
    Dans le village : Nettoyage des caniveaux, régularisation de l'écoulement des sources.
  2. Réinstallation de la ligne électrique :
    1. Creusement des trous, (35 trous, profondeur: 1,50 mètre).
    2. Transport à pied d'oeuvre des poteaux coupés dans la forêt voisine par quelques propriétaires de maison à Bouchier.
    3. Ecorçage, imprégnation au goudron et carboxyl des dits poteaux.
    4. Mise en place des 2/3 des poteaux.
  3. Réparation de l'école :
    1. Dépose et repose d'une faitière de tôle.
    2. Au 1er étage : Démolition du plafond de deux salles (25m2), déblaiement des décombres, repose des solives et d'un plancher sur solives.
    3. Au rez-de-chaussée : Démolition d'une cloison en briques, déblaiement des décombres, grattage des murs et du plafond, rebouchage au plâtre et réfection d'une partie du plafond, badigeonnage (dimensions de la salle: 5,45 x 7,75 x 3,20).
    4. Construction d'un seuil et de deux marches en béton donnant sur la cour.

Ces travaux ont été dirigés par deux artisans locaux, un menuisier et le maçon de la commune de Saint Martin de Queyrières.

Cette première expérience est très satisfaisante, tant par l'importance des travaux effectués dans un temps relativement court que par la qualité de leur exécution.

Ces résultats ont été rendus possibles grâce à la valeur des volontaires, français et étrangers qui n'ont jamais cessé de faire preuve d'un excellent esprit et d'un réel intérêt pour les tâches qui s'offraient à eux. Leur attitude en fin de chantier en fut un exemple : le chef de chantier ayant cessé le travail le jeudi 9 Août à midi, les volontaires, à l'exception de deux étrangers, tinrent, de leur plein gré, à poursuivre les travaux en cours jusqu'au vendredi 10 au soir, certains d'entre eux jusqu'au dimanche matin.

Les rapports entre Volontaires et Eclaireuses Ainées ont toujours été empreints de franche camaraderie et d'une parfaite correction.

Une nouvelle expérience de ce genre est pleinement souhaitable, orientée selon les voeux de la majorité des volontaires, voeux exprimés dans le rapport ci-joint. Les responsables F.F.E. souhaiteraient alors avoir pour vis-à-vis un chef de chantier sincèrement convaincu de la nécessité d'une réelle collaboration avec elles, sur le plan du travail comme sur le plan des loisirs ; évitant les initiatives maladroites, les ingérences dans l'organisation F.F.E, susceptibles d'en contrarier la bonne marche et particulièrement respectueux du principe de neutralité.

compte-rendu du chantier Jeunesse et Reconstruction - Bouchier 1956

Tapuscrit - Collection privée

Foyers de demain!

Le Trèfle, Février-Mars 1957.

Un village abandonné qui surplombe la Durance de plus de 200m., des monts aux pentes ravinées, calcinées, où les torrents creusent de longs sillons, et, au fond de la vallée, de petits champs, des villages, des routes. Bouchier est perché, isolé, derrière un bois de pins, à 1.450 m. Vous serez conquises en le découvrant après une montée épuisante dans les rochers, à travers les prés crissants de sauterelles. Un enthousiasme intense nous a saisis : E.A.1 et volontaires du chantier « Jeunesse et Reconstruction », dans ce climat pur et vivifiant. Reconstruire le village, réinstaller la ligne électrique détériorée, abandonnée depuis 1920, manier la pelle ou le badigeon pour remettre en état l'ancienne école, tout cela fut surtout l'oeuvre des garçons ; un maçon du pays utilisa leurs compétences diverses.

Nous, E.A., nous étions chargées de faire la cuisine pour 45 personnes : environ 17 E.A., avec le chef, 12 volontaires, et 15 P.A.2 qui profitaient allégrement des prés et du soleil.

Vue sur le Camp EEDF et la Chapelle Saint Hippolyte
Bouchier - Camp EEDF
1972 Photo M.T.B.

Briançon sort des brumes. Tout dort quand l'équipe de cuisine se lève. Un soleil radieux annonce une journée remplie de joies, d'amitié. Le plaisir d'être en vacances, libres dans les Alpes splendides, de réaliser une œuvre utile, l'enthousiasme unanime, se lisent sur tous les visages, au petit déjeuner. On se sent frais, détendu, alerte, après s'être lavé dans le torrent.

Au cours des veillées, autour de l'énorme lampe à gaz (l'électricité ne monte pas encore de la vallée), ont lieu des échanges de vues, de chansons avec les étrangers : Hollandais, Italiens ; on y discute des prochaines balades, dans un climat joyeux. Les grandes montagnes silencieuses dans le lointain, la vallée qui s'enfonce à l'horizon, éveillent en nous des désirs d'inconnu.

Qu'il faisait bon, le samedi, descendre les sentiers de la forêt, à travers les prés parfumés de lavande, pour de longues randonnées vers l'Italie, Saint-Véran, vers la fraîche Vallouise aux torrents bouillonnants, vers le Glacier Blanc, dominé par les géants sommets du Pelvoux et des Ecrins.

Posséder un village aussi pittoresque que Bouchier, avec sa cloche branlante, sa petite église, ses maisons aux tuiles grises ardoisées, son vieux presbytère perché sur un rocher, participer à son relèvement, jouir du pays, d'un isolement relatif, est une expérience passionnante. Les loisirs, nous les consacrions à la lecture ou au lavage, l'après-midi, dans le torrent, où sur d'immenses rochers, gazonnés, mais éventés, nous faisions paresseusement la sieste...

Vue sur le Camp EEDF
Bouchier - Camp EEDF
1972 Photo M.T.B.

Quelques précisions pratiques

Ce camp fut organisé par la Fédération française des Eclaireuses, district de Dijon, en collaboration avec « Jeunesse et Reconstruction ».

Le chantier avait pour but la remise en état de l'école désaffectée d'un village abandonné, et la réinstallation du réseau électrique, en vue d'établir un centre de vacances pour adolescentes de tous milieux et de redonner vie à ce village (la F.F.E. a obtenu de Saint-Martin-de-Queyrières, dont dépend le village de Bouchier, un bail d'une durée de dix-huit ans, par décision du Conseil municipal, en date du mois de novembre 1955).

« Jeunesse et Reconstruction », mouvement laïque qui s'est donné pour mission d'organiser en France, des chantiers de travail pour des jeunes de toutes nationalités, avait envoyé 10 volontaires, tous étudiants (médecine, lettres, sciences, etc...). Les nationalités représentées étaient : la Hollande, l'Italie, la France.

L'organisation du chantier incombait à la F.F.E., qui avait pris à sa charge la nourriture et l'hébergement des volontaires bénévoles. La cuisine et les services du camp ont été assurés par un groupe de 10 Eclaireuses Aînées, l'intendance et les rapports avec l'extérieur par les responsables F.F.E.

Camp EEDF à Bouchier, au fond à droite le relai de télévision nouvellement installé
Bouchier - Camp EEDF
1972 Photo M.T.B.

Au cours des trois semaines, les travaux effectués ont été les suivants :

  1. Travaux divers de terrassement : aménagement de la route d'accès, nivellement, nettoyage de caniveaux, de fonctionnement très défectueux, du fait de l'abandon quasi-total du village depuis de nombreuses années.
  2. Réinstallation partielle de la ligne électrique : creusement des trous pour 35 poteaux, transport de ceux-ci sur un terrain difficile, préparation et pose des deux tiers environ.
  3. Réparations à l'école : démolition de cloisons et de plafonds inutilisables, réparation du toit, pose d'un plancher, réfection de plafonds et badigeonnages divers, construction d'un seuil. Pour ces derniers travaux, les volontaires ont été guidés par des artisans locaux, charpentier et maçon, qui se sont déclarés enchantés de cette collaboration.

Les Dijonnaises.

[1]Les E.A. sont les Éclaireuses Ainées, jeunes filles de plus de 15 ans.
[2]P.A. (Petites Ailes).

Camp de travail de Bouchier, été 1957

Lieu
Bouchier, par Prelles (Hautes-Alpes)
Dates
18 juillet au 18 août 1957
Participants
  1. des Eclaireuses Aînées de Dijon, Besançon, Paris au nombre de 15 (3 équipes de 5) ; 5 Américaines se sont jointes au groupe pendant une semaine.
  2. des jeunes gens de l'Association "Jeunesse et reconstruction", au nombre de 12 dont 1 Polonais, 2 Suédois, 2 Italiens, 2 Belges et 5 Français.
  3. 3 responsables de la F.F.Eclaireuses.

Organisation générale :

Travaux effectués :

Conclusion :

Cette forme de camp convient très bien aux Eclaireuses Aînées dont elle concrétise les aspirations à un service effectif. La collaboration avec Jeunesse et Reconstruction est intéressante et fructueuse à bien des égards (compréhension internationale en particulier).

Volontaires et Eclaireuses Aînées ont été heureux de cette nouvelle expérience commune.

Bouchier - l'École
Bouchier - l'École
1972 Photo M.T.B.
Bouchier - l'Église
Bouchier - l'Église
1972 Photo M.T.B.

L'Appel

Dijon, Avril 1972.

Chers Amis,

Vous aviez reçu l'année dernière un appel en faveur de Bouchier (lieu de camp depuis 17 années déjà des Eclaireuses et Eclaireurs de la Région de Dijon.) Cet appel peut se concrétiser cette année car nous pensons acheter l'école et un peu de terrain pour que l'Association EEDF soit propriétaire et sûre de garder le bénéfice des travaux accomplis. En effet l'accès du village est devenu plus facile à cause d'un relai de télévision placé à la croix du Berger qui nécessite l'entretien permanent de la route.

Deux maisons ont été acquises par des amoureux de la montagne. Sans doute d'autres suivront ils dans un temps plus ou moins long et nous avons voulu prendre rang pour garder la possibilité de camper dans ce coin qui restera malgré tout assez sauvage puisqu'on ne peut y pratiquer le ski.

Un chantier d'achèvement de rénovation de l'école aura lieu cette année en Juillet; vous pourrez venir nous voir et même apporter vos compétences !

Bouchier - Hautes-Alpes, 1972 Photo M.T.B.
Bouchier - EEDF « l'Inauguration », 1972 Photo M.T.B.

Voulez vous en attendant envoyer votre contribution au CCP: EEDF, Région de Dijon.

Mentionnez "Amis de Bouchier" au dos du chèque. Le montant de l'achat devant être de l'ordre de 20 000 F, nous vous demandons d'être généreux... dans la mesure de vos possibilités.

Merci au nom de tous ceux qui pourront encore camper là-haut avec une base solide et sûre.

J. Tourneux, A et MT Bourgeois.

Bouchier - Hautes-Alpes, 1972 Photo M.T.B.
Bouchier - EEDF « l'Inauguration », 1972 Photo M.T.B.
à gauche mon frère Ghislain et moi à ses côtés