Borne d'incendie

Mille et un jours...

Publié le

Lettre à mon Autre

Une photo. Seurre, fête de l’école maternelle, millésime 1969. Le thème, cette année-là est : « les Sans-culottes ». Pantalon à rayures rouges, chemise blanche et bonnet phrygien bleu arborant une cocarde tricolore. Tu vas sur tes cinq ans.

Nous habitons au collège et privatisons la cour de récréation, les jeudis — alors non travaillés — et les weekends ; l’endroit idéal pour enlever les petites roues de ton vélo et tracer de grands huit sur le bitume.

Souvenir de notre chambre commune, de notre commode vintage en bois et rotin, et, surtout de nos deux arches de Noé — en carton — surmontées d’un arc en ciel. Je te faisais des éléphants en Lego avec une grande trompe... mais on n’avait pas suffisamment de Lego pour en construire deux !

Et puis Bouchier. Comment oublier ce village abandonné de la haute vallée de la Durance ? 1965, 66, 69, 71, 74, 75, 77... 1980, on ne compte plus nos séjours à Bouchier lors des camps d’été des « Éclaireuses et Éclaireurs de France » — les « Éclés » pour les intimes — dont le groupe local de Seurre était tenu par nos parents. Si la composition du groupe variait au fil des années, les points forts du séjour étaient devenus des « classiques » : l’ascension de « la Salcette », le col de la Trancoulette, le Glacier blanc, la visite de Briançon, de ses forts et ses gargouilles, les glaces à l’italienne... lors du retour à Seurre en autocar, le passage du Lautaret déclenchait l’émotion et les chants annonçaient la séparation prochaine.

Les « Éclés » au fait ? Oui une petite explication s’impose. Il s’agit d’un mouvement de scoutisme laïque ouvert à tous sans distinction d’origine ni de croyance. Au programme entre autres : vie dans la nature, cuisine trappeur, la fameuse exploration sur deux à trois jours et les feux de camp.

Pour les feux de camp, il nous manquait un animateur. Attiré par la musique, tu as pratiqué le solfège durant deux années ( avec les Accordéonistes Seurrois ). Tu as su choisir ton instrument, la guitare sèche... et nous épargner l’accordéon !

Fin des années soixante-dix, le mouvement Punk se répand comme une traînée de poudre. Les disques sont rares et chers. À moi le premier album du Clash, à toi celui des Damned. Nous entamons la constitution de deux demi discothèques qui rassemblées auraient pu être la discothèque idéale de l’époque.

Je me souviens :
    de la lecture à quatres yeux des « Rivaux de Painful Gulch » avec les familles O’Timmins et O’Hara ; un Lucky Luke d’excellente facture, source de fous rires... à moins que cela ne soit dû à l’herbe folle
    des fameuses dindes de Champdôtre qui dans tes souvenirs — remontant sans doute à tes sept ans — mesuraient au moins un mètre vingt au garrot
    d’Arcenant : le Puits Groseille, le Maquis, la source du Racordon
    du centre Charles-Granvigne où tu te formeras au BAFA ; tu y rencontreras Laurence, ta future femme.

Arrivée sur Dijon, ce sont les années facs. Guitariste au sein du groupe « No Pasaran », tu es passé à une musique plus amplifiée. Manteau long de cuir noir, cheveux hirsutes et khôl aux yeux. P4 du contingent.

La scène locale est alors embryonnaire. Vous délivrerez tout votre talent lors des premières fêtes de la musique, lors de concerts improvisés en MJC ou salles des fêtes, devant un maigre public... ce sera surtout nos années punx.

Tu m’appelais « le Gros », je t’appelais « l’Autre ». A moins que ce ne soit l’inverse. Tu vas me manquer Gros, tu sais. Tu vas NOUS manquer.

Au Cascarot - Lechâtelet

The Partisan

I've lost my wife and children
But I have many friends
And some of them are with me

The Partisan par Leonard Cohen [2008]

Déambulation

tranchée SNCF à Lantenay
Ligne Dijon-Paris
Vue depuis le grenier
Au grenier - Renève
Traces de griffes de fouine
griffes de fouine
Pancarte Tyrannosaurus Containment
Tyrannosaurus Containment

Quotidien

Son quotidien est rythmé par le métro et les heures de bureau, les discussions répétitives : une vie sous contrainte. Les années passent, les heures s'égrènent, on s'habitue, on y entre jeune, on en sort vieille.
Au coeur de l'hiver, Jean-Marc Rochette,
urn:isbn:978-2-9577129-2-2

Derniers regards

Fauteuil de bureau usagé
Feu ma chaise percée
Toit végétalisé
Vue depuis mon ex-bureau