Louise

Mille et un jours...

Publié le

Louise - chapitre 8/11

Cette page reproduit la correspondance, nous étant parvenue, de Louise. Environ 120 lettres dont la grande majorité couvre le premier semestre 1916.

Les protagonistes

Léon Renaud dit Georges (1885 † 1919)
Mathilde Valentine Renaud dite Louise (1892 † 1971)
André Louis Renaud dit Dédé ou la grosse cocotte (1913 † 1981)

Louise

carte postale Longchamp - Cité hélène
Cité hélène
CPA - Collection privée

Corvée

Les coupeurs qui avaient été demandé pour l’affouâge sont venus mais sur 16 qui avaient été demandé il n’y en a que 4 de venu Ippolitte Clerc Eugène Parisse Firmin Mercier et Anatole Jurain ils sont reçu pour deux mois c’est bien le tant mieux pour ceux qui ont la chance de venir nous tout ce que l’on demande c'est que nous ayons nos affouâges car le bois augmentent toujours.
Et voilà que l’on commence déjà de manquer de provisions il n’y a plus moyen de trouver de pétrole ici les commerçants n’en ont plus une goutte et plus moyen d’en trouver à Dijon tu parles si sa va être amusant de s’éclairer avec une bougie.
Hier j’étais de corvée j’ai travaillé aux dômes et j’ai justement bien tombé le dôme était tout noir j’aurais voulu que tu me vois je faisais concurrence aux nêgres.
Je ne sais si vous avez le même temps mais ici aujourd’hui il fait un temps superbe ; comme voilà le soleil donne notre gros Dédé doit joliment courir dans la rue il doit être heureux.

Louise Renaud, Longchamp le 12 janvier 1916

Ce matin je n’ai rien reçu de toi j’aurais cependant été très heureuse d’avoir de tes nouvelles pour savoir comment va ta jambe enfin il me faut attendre à demain c’est encore bien long et surtout aujourd’hui je suis en corvée je suis au moulin et je t’assure que les jours de corvée le temps me paraît encore plus long que les autres jours car je ne mis plais pas.
Il y a Prosper Dumongeot qui va quitter l’usine il va à Dijon dans un magasin, sa va être un beau logement à reprendre c’est dommage que ce soit la guerre il nous conviendrait bien nous aurions beaucoup plus de place et nous ne serions plus dans l’humidité.

Louise Renaud, Longchamp le 14 janvier 1916

Tu me dis que tu souffres surtout des caresses de notre grosse cocotte sa je le comprends très bien ce doit être très pénible pour toi d’en être séparé ; car moi aussi d’en être séparée j’en suis bien privée et encore je ne suis pas comme toi je le vois tous les 8 jours ; mais malgré cela je voudrais bien savoir si tu n’es que privé des caresses de ta grosse cocotte ? Si tu n’es pas privé un peu de caresses de ta petite femme ? Car moi malgré cela je souffre bien aussi d’être privée de tes caresses.
Alors ce matin j’ai porté ton colis au César mais je crois quand tu sors avec lui il ne doit pas te casser la tête car il ne cause presque pas.

Louise Renaud, Longchamp le 15 janvier 1916

Je suis à me demander pourquoi tu ne m’écris pas. Voilà 4 jours que je suis sans nouvelles et Adèle est comme moi les jeunes écrivent tous les jours heureusement que je sais par eux que vous continuez votre repos à Commercy sans cela je serais dans un état épouvantable je me serais pensé que vous étiez reparti en ligne mais je t’assure que je ne suis pas contente du tout de toi car être au repos et ne pas même prendre le temps de m’écrire ce n’est vraiment pas gentil de ta part. tu ne penses vraiment guère à moi et tu ne m’aimes guère car tu écrirais plus souvent. Tu sais cependant bien que je passe vraiment une drole de vie d’être toujours seule comme je suis et je te l’ai déjà dit maintes et maintes fois il n’y a que quand j’ai des nouvelles que je suis contente et que je m’ennuie moins.

Louise Renaud, Longchamp le 20 janvier 1916

Sa te surprend que le temps dure un peu à notre cocotte dimanche ta mère m’a dit encore qu’il lui causait tous les jours de moi il lui dit ma maman va venir aujourd’hui sa ne le rend pas triste pour cela mais que veux-tu il devient un grand garçon et il pense bien plus à sa maman. Comme il me voit souvent et qu’il sait bien que je le gâte quand j’arrive il me demande qu’es que tu m’apporte dimanche il m’a dépensé 10 sous en pains d’épices et en orange et sa été bientôt mangé. Tu vois c’est un petit gaté quand il me fait enragé je n’ais qu’à lui dire que je vais m’en aller il est bientôt arrêté et il vient tout de suite m’embrasser il me dit ne t’enva pas ma petite chérie enfin plus que patience Avril sera bientôt venu pour qu’il aille à l’école je serai bien contente qu’il soit vers moi car je m’ennuierai moins lui qui est si bavard.
Je vais te mettre 5 francs dans ma lettre mais comment se fait-il que vous n’êtes pas payé du 10 au 20 ! Et que vous ne toucherez pas d’argent avant le 15 février ?

Louise Renaud, Longchamp le 26 janvier 1916

Je suis rentrée comme d’habitude ce matin et j’ai eu hier soir mon petit compagnon de lit qui n’a jamais fini de m’en raconter avant de s’endormir mais tu sais tu disputeras ton garçon car il a voulu hier porter ta lettre à la boite et il te la toute salie. J’avais oublié de te dire ta mère m’a dit que Boiteux étais venu la semaine dernière et il parait que Dédé il lui a dit (tu sais Boiteux tu diras à mon papa que je dis madame Louise à maman) et il lui a dit il parait qu’il ne manquerait pas de faire sa commission quand il te verrait. Dédé n’a pas son pareil ta mère me dit que tous ceux qui passent dans la rue qu’il va leur causer il n’est pas honteux.

Louise Renaud, Longchamp le 31 janvier 1916

[…] ensuite je suis allée avec ma cocotte chérie porter ta lettre et en commission car le père Berthaut lui avait donné un sous avant d’aller aux vêpres alors tu penses il fallait qu’il aille chercher des bonbons mais une fois qu’il les a il ne les regardent même plus et il a fallu que la maman achète des pains d’épices mais il n’en est pas de même des bonbons les pains d’épices sont bientôt mangés.
Il y a le beau-frère de Marie et Aline Rollot un nommé Vallée de Tart le bas qui est tué il l’ont appris hier tantôt il était comme toi sergent vaguemestre il laisse trois enfants c’est vraiment malheureux les Rollot sont bien désolée pour leur sœur.
Quand tu es venu je n’avais pas pensé de te dire qu’il y a longtemps que j’avais idée de demander les six mois de retard de Dédé que l’on me doit alors que j’en vois qui sont assez aisée et qui touche l’arrièré de leurs enfants alors voilà 2 jours que j’ai fait une demande au ministre de l’intérieur pour toucher l’arrièré de Dédé car sa me fache de voir les riches qui toucheront et les pauvres n’auront rien alors je te tiendrai au courant de ce que l’on me répondra mais si l’on me refuse je réécrirai j’insisterai pour avoir car je suis dans mes droits il y a à tout moment des articles dans les journaux et sa dit même ceux qui on de l’argent on droit à toucher l’arriéré alors le cas n’est pas là pour moi attendu que nous ne possédons rien.

Louise Renaud, Longchamp le 3 février 1916

Aujourd’hui je suis de corvée je suis à la paille nous sommes six avec Annette Chassayne nous allons chercher cela à la tuilerie on fait vraiment tout les métiers.
Je vais te quitter car je vais être en retard.
Ta petite femme qui t’aime et t'envoie de gros bécots.

Louise Renaud, Longchamp le 4 février 1916
Louise pendant la guerre ou avant
Louise pendant la guerre ou avant
Collection privée

Tu me dis mon Georges chéri que tu es très heureux d’avoir tous les jours ta petite lettre sa je le comprends très bien moi j’en suis de même le temps passe plus vite je ne t’avais pas dis quand je vais chez vous et que ton père me voit écrire sa l’énerve et ta mère m’a dit qu’il lui disait qu’il ne pouvait pas croire que l’on écrive tous les jours qu’es que l’on pouvait bien ce dire qu’en pense tu ? Jamais je n’ai vu un homme pareil il faut qu’il se mêle de tout. Je ne voudrais pas resté chez vous car je ne serais pas libre de t’écrire comme je voudrais.
Tu trouves que je suis souvent en corvée que veux-tu c’est chacun son tour aujourd’hui je suis au moulin la peinture ne travaille pas mais c’est mon tour de corvée alors j’en profite tu me dis que je ne t’ai pas raconté ce que j’avais touché mais que veux-tu depuis que tu es parti je n’ai touché que la paye du 15 Janvier alors c’est le mois de décembre que j’ai touché comme tu étais chez nous que j’ai perdu des journées je n’avais pas beaucoup je te l’avais même dis combien je toucherais 33 francs mais sans doute que tu as oublié.

Louise Renaud, Longchamp le 11 février 1916

En me parlant de ma demande tu me dis ta demande de secours mais ce n’est pas une demande de secours. C’est ce que l’on me doit les six mois d’arriérés de mon enfant que l’on ne m’a pas donné et dimanche il y avait encore sur le Bien du Peuple que l’on avait le droit de réclamer l’arriéré des enfants même ceux qui possédait des livrets de Caisse d’épargne mais tu as raison la réponse de la préfecture se fera attendre plus longtemps que mon autre et je n’ai pas bon espoir. Hier il y en a plusieurs qui ont reçu des refus alors je m’attends un de ces jours à en avoir autant.

Louise Renaud, Longchamp le 12 février 1916

Hier c’était la paye alors j’ai touché 51 francs. Il faut que je te le dise car tu m’a dis que sa t’ intéressait il faut que je te fasse un peu enrager. Tu tiens à le savoir c’est sans doute pour voir si je peu faire des économies si je ne dépense pas trop d’argent.

Louise Renaud, Longchamp le 16 février 1916

Mon pauvre Georges tu dois être dans un triste état ici c’est toujours la même chose à tout moment il pleut et il fait beaucoup de vent je t’assure que ce n’est pas bien agréable pour nous non plus car ce matin je déchargeais du kâolin avec Régine. Il n’y faisait vraiment pas bon et nous en avons encore pour tantôt nous serons je crois bien fatiguée ce soir.
Comme voici les permissionnaires raplique beaucoup il y a Vernet et Lacharme qui sont arrivés d’hier je crois que c’est bien leur tour car il n’était jamais venu et il y a Henri Morisot qui est arrivé de ce matin.

Louise Renaud, Longchamp le 17 février 1916

Je suis vraiment désolée mon pauvre Georges d’attendre que vous venez de passé une terrible journée et la nuit vraiment que tu es donc malheureux c’est vraiment terrible toutes ces choses mais quand donc la fin viendra car vraiment vous êtes des martyrs et ce qui m’ennuie tu me dis que tu as reçu un éclat dans la cuisse mais tu ne me donnes aucun détail. Tu ne me cause pas si l’on va t’évacuer.
Charpentier à écrit lui aussi que vous venez de passer des heures terribles qu’il ne c’est comment il est encore vivant mais il ne dit rien au sujet de ton éclat et Georges Royer à écrit il dit lui aussi que sa été terrible je te plains vraiment mon Georges chéri que vous êtes donc malheureux on ne peut vraiment pas le dire assez.

Louise Renaud, Longchamp le 25 février 1916

Et pour quand à tes lorgnons sa je comprend très bien que tu dois en être bien privé sa doit en effet beaucoup te gêner pour faire ta distribution de lettres mais justement j’ai trouvé une occasion le Théodore Lerat partait ce matin à Dijon par le train de 11 heures passé la visite alors je lui ai fait un morceau de papier et je lui ai donné de l’argent et je lui ai dis qu’il porte le tout au Milo alors je dis au Milo qu’il aille te les acheter et qu’il te les envoie depuis Dijon alors sans doute qu’il va te les envoyer tantôt tu vois que sa aura de l’avance. Tu n’auras pas longtemps à souffrir j’ai été bien contente de trouver cette occasion la sa m’a évité la peine d’aller à Dijon mais malgré cela je ne t’aurais pas laissé attendre j’y serais aller aujourd’hui même.

Louise Renaud, Longchamp le 26 février 1916

Ce matin le Milo est venu chez nous me rapporter l’argent qu’il lui restait car je lui avais envoyé 10 francs et il a été dans un magasin que ce n’est pas bien cher il les à payé 3F50 et il m’a dit qu’ils étaient bien solide et que je te dise qu’il te les avait envoyé hier qu’il n’avait pas eu le temps de t’écrire mais il m’a dit que tu avais eu tort que tu aurais dû lui écrire et lui dire qu’il te les envoie. Tu les aurais eu encore plus tôt enfin c’est bien j’ai été bien contente qu’il a voulu s’en charger tu n’auras toujours pas à l’attendre bien longtemps.

Louise Renaud, Labergement le 27 février 1916

Jardin

Tu me dis adieu les permissions tu ne me surprend nullement car je sais très bien qu’après ce qui viens de ce passer et que sa n’est même toujours pas fini alors c’était forcé que les permissions soit arrêtée mais enfin ce ne sera sans doute que quelques temps. Ce que je demande c’est que tu ne sois pas du côté de Verdun et que tu sois en bonne santé.
Je vais te quitter car aujourd’hui je travaille au moulin et pendant mon heure je n’avais pas eu le temps d’écrire j’ai été laver.

Louise Renaud, Longchamp le 3 mars 1916 4 heures

[…] elle lui a dit que tu avais été légèrement blessé et il me dit sans te souhaiter du mal qu’il aurait été préférable que tu y sois un peu plus pour être évacuer 2 ou 3 mois car il me dit que sa dû être terrible du côté de Verdun et qu’il est bien ennuyé pour toi et il me dit qu’il t’a écrit et qu’il voudrait bien avoir au plus tôt de tes nouvelles.

Louise Renaud, Longchamp le 9 mars 1916

Nous avons été nous promener sur la route de Chambeire mais nous avons été que nous deux nous n’avons pas attendu ces petits camarades car après vêpres il aurait été trop tard il n’aurait pas fait si bon mais malgré cela je t’assure que l’on ne s’ennuie pas avec Dédé car il n’a jamais fini de poser des questions il me demande le papa est toujours dans les tranchées ? Et qu’es ce qu’il dit ? Et tu sais c’est un vrai marchand de fleurs. Si j’avais voulu l’écouter nous aurions toutes coeuilli les fleurs mais tu sais il ne t’oublie pas. Il dit que c’est pour le papa et il m’a demandé si tu viendrais bientôt le voir et qu’es ce qu’il me dira ? Alors je lui ai dit que tu dirais que c’était un grand garçon.
Je vais te mettre les fleurs de ton garçon car si je les oubliais il ne serait pas content.

Louise Renaud, Labergement le 12 mars 1916

Tu me dis que j’ai beau te plaindre que sa ne te soulage guère je le sais très bien bien malheureusement. Je voudrais bien pouvoir te soulager mais sa n’est pas possible je vois vraiment que ce jour-là tu es bien mal disposé. Tu es bien méchant je comprends très bien que tu peux être énervé et que tu en as par-dessus la tête de tout cela mais je crois que ce n’est pas à moi qu’il faut que tu t’en prennes car je n’en suis pour rien et je ne t’en fais pas le motif moi je suis bien comme toi j’en ai assez de cette vie la. Je voudrais que sa finisse car je crois que malgré que je ne suis pas comme toi en danger je crois que malgré cela la vie n’est pas bien agréable pour moi aujourd’hui.
Je suis de corvée au moulin alors il n’y a rien de bien charmant de travailler plus qu’on ne peux mais je vois que ce n’est pas la peine de t’en travailler on n’en est guère bien récompensé.
Et tu me fais la remarque je suis pauvre en papier moi je ne suis pas si regardante que toi je t’assure pourvu que j’ai des nouvelles je ne m’occupe vraiment pas du papier et ce jour-là je n’en avais plus et j’ai pris une feuille de cahiers pour ne pas courir en chercher. Mais comme je te dis ce jour-là tu étais vraiment mal luné mais j’espère bien que sa ne se renouvellera plus car je n’aime pas de telle lettre et je t’assure qu’aujourd’hui ta lettre ne m’a pas rendu gracieuse je suis à mon tour bien mal disposée et pour quand à ton crayon c’est bien ennuyeux je t’ai fais ton colis hier mais cependant dans ton dernier colis que je t’avais envoyé du linge je t’avais mis un crayon encre ne l'as tu donc pas reçu ?
Tu me reparleras. Je te quitte. Ta femme qui t’aime et t’embrasse bien fort.

Louise Renaud, Longchamp le 15 mars 1916

À 4 heures je vais aller à la prière il y a le chemin de croix il va y avoir prière deux fois par semaine le mercredi et vendredi et Msieur le curé à annoncé dimanche que l’on prierait pour les soldats.

Louise Renaud, Longchamp le 17 mars 1916

Il y a Auguste Renaud qui est arrivé d’hier en permission de 15 jours une permission agricole.

Louise Renaud, Labergement le 19 mars 1916

Je suis revenu ce matin de chez vous comme à l’habitude et j’ai eu mon petit compagnon de lit mais quand je suis partie il n’était pas éveillé alors il ne m’a pas vû partir et le voila hier qui m’a dit qu’il fallait que je lui achète une petite brouette pour qu’il mette du sable dedans. Je crois qu’il faudra que je me décide à lui en acheter une.

Louise Renaud, Longchamp le 20 mars 1916
André et Louise
André et Louise
Collection privée

Je viens te faire 2 mots à 4 heures car tantôt je n’ai pas eu le temps. Emile Rebour m’a fait dire que j’aille chez lui alors j’y suis allée et il m’a donné une feuille qu’il avait reçu ce matin de la préfecture alors je suis acceptée pour toucher pour ma demande que j’ai fait pour mon retard. Je ne m’attendais pas du tout à cette nouvelle la aujourd’hui tu peux croire que je suis contente tu vois j’ai vraiment bien fait de réclamer. Sans doute que sa te ferra bien plaisir aussi.

Louise Renaud, Longchamp le 25 mars 1916

Tu me dis que je suis curieuse au sujet que je te demandais ce que tu avais d’argent. Tu peux croire que je riais en te l’écrivant car je m’attendais à ta réponse tu sais bien comme j’étais j’aimais bien connaître le fond de ta bourse je vais vous dire Msieur vous êtes bien pareille vous intéressez bien à ce que je gagne d’ailleurs moi je ne te cache rien je te raconte ce que je fais et ce que je gagne alors je pense bien que tu n’as rien à me cacher nom plus.

Louise Renaud, Longchamp le 30 mars 1916

Comme je t’avais dis hier tantôt j’ai été bêcher et Régine est venu m’aider j’ai planté mes ails et mes pois et mes pommes de terre de 40 jours et nous bêchons depuis le matin nous en avons déjà un bon carré de fait je suis bien contente et nous allons retourné je crois bien que nous ne voulons pas travailler encore demain alors je m’en irai sûrement chez vous.

Louise Renaud, Longchamp le 31 mars 1916

Nous avons été hier à Auxonne par le 1er train et nous sommes rentrés par le train de 6 heures tu peux croire que Dédé était heureux et c’est une vrai peine d’ame avec sa cousine Alice tu dirais vraiment qu’il a l’habitude de la voir souvent. Tu peux croire que sa petite langue n’était pas souvent arrêtée alors je lui acheter son costume pour le dimanche c’est en jersey marron avec le col marin si tu voyais il est charmant avec et un chapeau et un costume pour les jours et un corsage et un jupon de dessous pour moi ainsi qu’un chapeau je paie le costume de Dédé 20 francs vois-tu si c’est cher j’ai dépensé 20 francs vois tu combien qu’il faut que j’ai de misère pour gagner cela et je ne lui ai pas acheté de soulier pour tous les jours car c’était horriblement cher l’on me faisait cela 13 franc vois-tu d’ici pour un enfant de 3 ans c’est affreux.

Louise Renaud, Longchamp 3 avril 1916
André à 3 ans
André à 3 ans
Collection privée

Je te dirai que ce matin on payait les allocations alors j’ai touché mon retard 91 francs et avec mon allocations sa m’a fait 140 francs je suis bien contente maintenant je n’aurai plus rien à réclamer.
Pour quand à ton colis je m’en suis bien méfiez pour les poux tu peux croire que je ne l’ai pas défais chez nous j’ai trop peur de cette graine la.

Louise Renaud, Longchamp le 5 avril 1916

Tu me dis que bientôt tu vas savoir que ton petit homme va être superbe oui comme je te l’ai dis il va être charmant avec ce jersey marron. Il y a longtemps que sa me plaisait alors j’ai bien trouvé à mon gout et je pense que si tu le voyais sa te plairais bien aussi. J’avais oublié de te dire la femme Lebault lui a donné pour lui faire une serviette elle est très gentille.

Louise Renaud, Longchamp le 6 avril 1916

Je vais te mettre 3 pierres à briquet comme tu me le demandes dans ma lettre. Écoute tout à l’heure je ne pourrais pas revenir du prix quand me les a fais payé 25 centimes pièce et pour quand à ton portefeuille je regrette beaucoup mais je n’en ai pas trouvé ici et je me demande comment je pourrai même en avoir un tu as eu tort je t’avais dit à l’avance que j’irais à Auxonne tu aurais dû me le dire avant pour que je puisse t’en rapporter un.

Louise Renaud, Longchamp le 11 avril 1916

Tu me dis mon Cher Georges que je me fatigues trop après mon jardin que veux-tu je sais bien qu’il le faut bien si tu avais au moins un père raisonnable il viendrait au moins m’aider mais nom il est malade c’est une bonne excuse si tu savais ce que je déteste les feignants il a vraiment de la chance de pouvoir vivre sans travailler enfin il a de la chance d’avoir ta pauvre mère qui prend ten de peine elle aussi à son âge et ce qui m’ennuie c’est qu’il me reste encore un bon morceau à bêcher et je t’assure que ces temps-ci je ne me sens guère capable oui je n’ai pas de force heureusement que je travaille à la peinture sans cela je ne pourrais pas et pour quand à ma gorge je crois vraiment que sa ne veut pas se passer elle ne fait toujours bien mal et sa me brûle jamais pareille.

Louise Renaud, Longchamp le 13 avril 1916

À l'école

Je vais te demander un conseil ta mère m’a dit hier que Mme Vachet l’avait décidée à placer 500 francs pour six mois et elle a touché ses intérêts tout de suite 12F50 et au bout de six mois si elle n’en a pas besoin elle peut renouveler alors je pense une chose comme voici j’ai un peu plus de 500 francs et au lieu de les laisser dans un tiroir à ne rien me rapporter si je faisait comme ta mère quand dis tu ? Enfin tu me diras ton idée car je ne voudrais pas le faire sans te demander conseil.
J’avais oublié de te dire samedi c’était la paye de Mars j’ai touché 47 francs.

Louise Renaud, Longchamp le 17 avril 1916

Quand je suis arrivée chez vous Dédé était déjà parti à la messe avec la mémère mais aussitôt que je suis entrée à l’église il m’a bien vû et il est venu tout de suite vers moi tu penses il était heureux de me voir et en sortant de la messe il m’a raconté qu’il t’avait envoyé sa photo et qu’il avait écrit au papa avec Mme Clave ta mère m’avait raconté dimanche dernier qu’elle avait trouvé une occasion pour faire la photo de Dédé et qu’elle allait te faire la surprise pour ta fête je pense aujourd’hui que tu dois être très heureux d’avoir la photo de ton fils et c’est pour te faire patienter en attendant que tu es mieux que tu nous ait tous les deux ; je me demande ce que tu vas penser de sa binette ? Je n’en revenais pas quand ta mère me la montré il fait une drôle de grimace alors ta mère m’a dit qu’il ne voulait pas du tout qu’on le photographie alors tu sais ce qu’il veut il le veut ce n’est pas la peine d’essayer de lui faire faire quelque chose quand sa ne lui plaît pas. Tu pourras d’ailleurs en juger.

Louise Renaud, Labergement le 23 avril 1916

Tu me dis mon Georges chéri que tu souffres vraiment de mon affection et de mes carresses, je puis te dire que moi j’en suis de même j’en suis vraiment privée quelle triste vie tout de même il faut que nous passions  ; et tu dis bien vrai nous étions heureux avant la guerre et nous ne le savions pas il fallait que cette guerre arrive pour que l’on s'en apperçoive mais il faut bien espérer que ce temps-là reviendra et que l’on saura ce trouver plus heureux ; et il serait grand temps que cette vie la finisse car sa devient vraiment long. Il y a des jours que je suis je t’assure complètement dégoûtée.
Comme je te l’ai dis hier tantôt j’ai été bêcher je t’assure qu’il faisait une chaleur épouvantable tu peux croire que j’ai eu chaud et ce matin j’ai été planté mes pommes de terre. Et comme voilà je viens de rentrer de laver et je vais retourner dans notre jardin pour finir de planter mes pommes de terre. Je t’assure que je suis déjà fatiguée.

Louise Renaud, Longchamp le 28 avril 1916 3 heures

Tantôt je n’avais pas eu le temps de te faire un petit mot et je viens te le faire à 4 heures et justement je rentre nous n’avons plus rien à faire et sans doute que nous allons encore être quelques jours sans travailler je t’assure que je suis bien dégoûtée de voir que sa ne marche pas mieux que cela si l’on ne travaille pas plus que sa au prix que les vivres sont sa n’ira vraiment guère bien l’on pourra s’épouvanter. Tu peux croire que je ne suis guère contente.
Pour quand à Dédé il a retourné à l’école aujourd’hui et il est toujours bien content d’y aller et il est encore bien raisonnable ; comme le voila il est en train de s’amuser dans notre cour et tu peux croire qu’il est heureux qu’il y a une pompe car maintenant il sait bien pomper. Je lui dis bien qu’il va se mouiller mais tu sais sa ne lui fais rien ; je voudrais bien que tu l’entendes ton petit bonhomme ce qu’il est tapageur et je t’assure que chez nous maintenant sa fais du bruit car il m’ont racontes il en bavarde il m’a demandé hier qu’en est ce que le papa va venir.

Louise Renaud, Longchamp le 2 mai 1916

[…] Tu croirais que c’est un grand garçon qui parle et il m’a dit au moins si tu ne m’avais pas envoyé à l’école, j’aurais été t’aider à piocher alors nous allons retourner dans notre jardin pour semer de la graine de betterave et de carrotte et commencer de planter des haricots et tu peux croire que Dédé est heureux de mener sa brouette il était déjà venu avec moi hier après 4 heures et tu peux croire qu’il m’en raconte et tu sais pour quand à la mémère et à son grand-père il n’y pense presque pas.

Louise Renaud, Longchamp le 3 mai 1916

Je vais t’apprendre une bien triste nouvelle au sujet de ton cousin Adolphe Renaud Il parait que ses parents ont reçu son mortuaire ce matin Il parait qu’il y avait 20 jours qu’ils étaient sans nouvelles et l’ont m’a dit que quand ta tante a apprit ce matin qu’il était tué qu’elle a eu une crise de nerf. Sa je le comprends elle était loin de s’attendre à cela […] C’est vraiment bien triste et dire que c’est horrible guerre n’ent fini pas et je n’avais jamais pensé de te dire pour ton cousin Lebrun qu’est prisonnier ce n’est pas Alfred comme tu me l’avais dis parait que c’est Julien.
Je te dirai qu’aujourd’hui il a fait une chaleur accablante c’est même trop chaud et il tombait un peu de pluie sa ferait bien du bien pour les jardins car c’est déjà bien dur et les petites graines ne tressisse guère bien mais si tu le voyais j’ai déjà deux belles planches de pois ils sont bons a ramé.

Louise Renaud, Longchamp le 4 mai 1916

Et comme tu dis tu peux croire que tu es aimé car certainement je souffre beaucoup de ton affection et de tes carresses ce que j'étais donc heureuse quand tu me disais que tu m’aimais ou est ce temps la ? Et quand reviendra-t-il je me le demande ? Et pour quand à ton muguet tu peux croire qu'il est gardé précieusement comme tout ce qui vient de toi j’ai toujours la fleur que tu m’avais envoyé de Chonville qui est après le cadre ou est notre Dédé.
Malgré que je te disais que je ne faisais pas du travail avantageux tu espères malgré cela que je vais t’annoncer que j’ai gagné un bon mois ; eh bien nom je t’ai bien dit la vérité bien malheureusement car pour mon mois d’Avril je compte bien avoir 15 francs de moins que d’habitude d’ailleurs l’on a perdu beaucoup de temps et en plus pas de travail avantageux alors vois-tu comme l’on dit souvent je peux me mettre la ceinture.
Tu me désoles vraiment en me disant que tu ne compte plus du tout au permission je t’assure mon Georges chéri que j’en suis désolée moi qui était si contente que l’on se reverrait bientôt et dire qu’il ne faut plus y compter mais c’est tout de même drôle que l’on fasse partir la classe seize avant vous et surtout que tu me dis qu’ils restent à l’arrière. Ils ne devraient pas compter avec vous.

Louise Renaud, Longchamp le 8 mai 1916
carte postale Longchamp - La Sortie de 4 heures
La sortie
CPA - Collection privée

[…] J’ai encore eu de la chance pour revenir j’ai trouvé l’auto de l’usine qui venait de conduire Emile Gay faire signer sa permission Il parait qu’il est arrivé d’hier tantôt il m’a dit qu’Emile Lebault devait venir ces jours-ci en permission de 4 jours pour verser 500 francs en or Il parait celui qui verse une telle somme en or à droit une permission c’est dommage que ce que j’ai versé n’est pas été en or. Sans cela tu aurais pû venir.

Louise Renaud, Longchamp le 15 mai 1916

Je comprends bien que sa n’est pas juste du tout que l’on donne une permission à celui qui verse 500 francs d’or et je comprends que sa peut te fâcher sa m’étonne même que vous ne faites pas plus de bruit ; car c’est honteux de faire de telle injustice c’est le cas de dire que tout est pour le riche et si seulement comme tu le dis l’on te donnait la permission qui t’es dû. Tu me dis bien patience que ton tour viendra aussi mais tu ne me dis pas dans quelle moment tu espères venir tu peux croire que j’ai hate de te revoir que je m’ennuie vraiment.

Louise Renaud, Longchamp le 17 mai 1916

Comme je te l’avais dis je suis allée ce matin au service de ce pauvre Adolphe ; je t’assure qu’il y avait beaucoup de monde est l'église était très bien arrangée c’était superbe tout tes parents de Pluvault Pluvet y était et tout le monde m’a demandé de tes nouvelles et que je te donne le bonjour de leur part je ne peux te dire le nom de tous je ne les connaissais pas c’est la première que je les vois […]
Ta tante et ton oncle de Drambon y était ils reçoivent assez régulièrement des nouvelles de leur prisonnier et ta tante m’a dit que je te dise qu’Henri n’est pas très loin de toi il est au 16e chasseurs il se trouve au bois D’ailly.

Louise Renaud, Longchamp le 20 mai 1916 4 heures

Voilà Msieur Moisand qui vient d’arriver tout à l’heure encore un qui était venu quand toi. Je t’assure que sa me rend jalouse de voir venir les autres et toujours pas toi.

Louise Renaud, Longchamp le 22 mai 1916

Je ne sais aujourd’hui si tu penses à l’anniversaire de notre mariage dire que voila déjà 4 ans et que nous n’avons été que deux ans ensemble c’est révoltant une vie pareille tu ne me dis rien aujourd’hui au sujet des permissions je voudrais déjà que tu m’annonce ton arrivée.

Louise Renaud, Longchamp le 23 mai 1916

Voilà que ce matin il vient d’arriver une dépêche pour rappeler les coupeurs immédiatement à leur dépôt tu peux croire qu’ils ne s’attendaient guère à cela.
Depuis le matin il pleut mais c’est un beau temps car sa fera du bien au jardin ; mais d’un autre côté je n’en suis guère contente car je suis de corvée au moulin et depuis le matin je mène des brouettes de terre tu peux croire qu’il n’y fait pas bon que je suis dans un joli état.

Louise Renaud, Longchamp le 26 mai 1916

Je viens d’arriver chez vous il était à peu près 2 heures Dédé était très heureux de venir car tu sais la promenade sa lui va ; nous avons trouvé chez vous en train de piocher leurs betteraves derrière chez vous. Ta mère est en bonne santé et je trouve ton père beaucoup mieux que la dernière fois que je suis venû, ta mère est bien contente tu peux croire que tu penses bientôt venir et elle est très heureuse d’avoir reçu de tes nouvelles elle m’a dit qu’elle t’avait fait répondre par Mme Dupaquié.

Louise Renaud, Labergement le 28 mai 1916 4 heures