Nous retrouverons dans les pages qui suivent de larges extraits de la volumineuse correspondance de notre arrière-grand-père durant le premier conflit mondial.
Léon Renaud dit Georges (1885 † 1919)
Mathilde Valentine Renaud dite Louise (1892 † 1971)
André Louis Renaud dit Dédé ou la grosse cocotte (1913 † 1981)
Je n’ai pas de chance cette tournée de repos arrivé fatigué le premier jour prendre le service pour vingt quatre heures hier aller aux douches et faire passer nos effets au souffre pour tuer les pous et pour ce genre d’exercice on nous donne de vieux effets ce qui nous empêche de sortir avant cinq heures car on est plutôt mal habillé et je ne pense pas que cela fasse grand effet car je tue toujours ces maudits pous aujourd’hui je me retrouve encore de jour et impossible de sortir de la journée ni ce soir je n’ai donc encore pas pû me faire photographier et maintenant je ne sais trop comment faire car j’ai vu un de mes amis qui y était allé et je trouve ces photos si dégoutantes le prix est passable 6 francs la douzaine ce n’est pas trop cher c’est vrai mais on en à pour son argent je ne sais donc trop comment faire je crains que tu trouves que ce soit de l’argent de jeter en l’air enfin je vais encore réfléchir tantôt.
Georges Renaud, Mercredi le 1er septembre 1915
C’est en effet par une drôle de coincidence qu’elle ce soit rencontrée avec les dames Dufour je suis certain qu’elle aurait préféré les éviter mais la surprise fut sans doute trop grande elles ne sont vraiment pas aimables de ne pas être contentes de nous je crois cependant que nous sommes les premiers à nous en plaindre enfin il ne faut pas chercher à comprendre auraient elles donc aussi des intentions à ce modeste héritage heureusement que nous ne nous sommes pas mis de la partie car je crois qu’il n’y en aurait pas eu pour tous le monde enfin moins ingrat qu’eux je suis touché de la disparition du mari d’Angèle seulement tu ne me dis pas de quel mois d’Aout il est disparu je me rappelle très bien t’avoir fait la remarque de mon étonnement de ce qu’il était devenu je devais le sentir.
Georges Renaud, Jeudi midi le 2 Septembre 1915 27e d’Inft, 11ème compagnie
Tu me désoles ma chérie en me parlant de ta peine à décharger ce maudit charbon j’ai toujours peur que tu te fasse du mal... mais bon sang il n’y à donc pas d’hommes pour faire ces gros travaux.
C’est curieux comme le temps passe vite étant au repos voila rien de temps que nous y sommes et il va falloir bientôt parler de remonter le plus ennuyeux c’est que depuis plusieurs jours il fait mauvais temps et je vois encore le moment ou nous seront comme la dernière fois dans l’eau à barboter comme des canards et nous salir comme des cochons si le mauvais temps persiste ainsi nous avons le temps de souffrir espérons que ce sera fini avant.
De quoi pourrai je souffrir si non de ton affection et bien vois tu je suis très courageux et j’en prend mon parti puisque je suis persuadé que bientôt nous serons enfin réunis et cela pour toujours penses un peu ma chérie comme nous serons heureux de vivre entourés des caresses de notre cher enfant.
Georges Renaud, Mardi 7h le 5 Septembre 1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Que tu ne peux pas être bien contente de moi puisque je ne me suis pas fait photographier mais puisque tu y tiens réellement je te promets de le faire la première fois que nous serons au repos ce sera quelques semaines de retard mais ce sera encore vite passé et j’espère que tu ne me grondera pas pour ce petit manque de franchise car je reconnais bien aujourd’hui ma faute tu aurais été si heureuse de pouvoir me voir à chaque instant et ma mère également pauvre mère comme elle doit me maudire et ma grosse cocotte qui ne reconnaîtra peut être pas son petit papa quand j’irai en permission enfin je ferai tout mon possible pour vous donner satisfaction dans une quinzaine de jours. Tu remerciera donc bien ma mère de sa bonne intention à ce sujet et je lui promets de lui faire ce plaisir.
Georges Renaud, Lundi 11 heures le 6 Septembre 1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Puisque ma mère tient essentiellement de garder pendant un certain temps ma grosse cocotte tu auras raison de lui confier en effet il sera certainement plus en sureté que partout ailleurs mais comme tu le prévois il sera joliment gâté mais peu importe il est déjà privé des caresses de son papa il est assez juste qu’il soit un peu dédomagé évidemment ce sera bien pénible pour toi ma chérie car tu seras bien triste seule à la maison mais ma mère sera si contente je suis surpris que mon père est vraiment autant d’attachement pour Dédé.
Ma chérie je suis remonté hier matin et je crois t’avoir dit que je craignais la pluie elle est bien tombée toute la journée et figure toi que nous avons eu la chance de faire la route sans être mouillés mais une fois arrivé je t'assure qu’il pleuvait à torrent heureusement que nous n’allions pas en ligne nous avons donc pût nous cacher dans des arbres ou entre autre j’ai fait un bon some car j’étais fatigué je ne sais pourquoi mais je ne sais plus marcher du tout je trouve toujours mon sac trop lourd.
Je ne suis pas trop malheureux pour l’instant j’ai une vingtaine d’hommes à faire travailler de 6 heures du matin à cinq du soir sauf deux heures pour la soupe je voudrais bien que cela dure assez longtemps malheureusement je n’ai plus que deux jours et il me faudra monté aux tranchées enfin un peu de patience et ce sera encore vite passé et j’en serai bien content car chaque période de tranchée me rapproche de ma permission si bien qu’en regardant en arrière je trouve que le temps s’écoule encore vite regardes ma chérie voila bientôt quatre mois que je suis sorti de la maison si seulement il y en avait encore autant Tu te plains qu’il te faut déjà allumer ta lampe en rentrant certainement c’est une soirée bien longue à passer surtout seule de mon côté je m’en appercois ainsi hier j’étais couché à six heures tant il faisait noir et mauvais dehors et le comble c’est que nous ne devons pas avoir de lumière tu peux croire qu’il y a rien de bien agréable et que je préfererais être auprès de toi à fumer ma cigarette au coin du feu en te contrariant un peu.
Je suis bien surpris de ne pas avoir eu hier soir ma petite lettre comme à l’ordinaire j’en suis navré et je passe aujourd’hui une bien triste journée mais c’est toujours sans nul doute le même cause qui provoque ce retard combien donc c’est pénible de ne pas avoir de nouvelles des siens il me semble dans ces moments ne plus être en moi même et tout de suite je me sens prêt du découragement pourquoi cet instant de faiblesse c’est que vois tu je crains toujours qu’il vous arrive quelquechose je préfererais cent fois mieux être moi même être malade que de sentir un des mien souffrant enfin encore quellesques heures de patience et je serai probablement fixé mais ce qu’elles vont me paraître longues et encore je suis certain d’avoir une lettre oui je l’espère car alors ce serait pour moi un vrai coup de marteau et je n’en ai nullement besoin au contraire j’ai plutôt besoin pour l’instant d’être remonté un peu par moment quand je suis seul je me laisserais presque aller au désespoir je me croyais beaucoup plus courageux car jamais même au moment du danger je n’avais ressenti cette émotion enfin de bonnes nouvelles ce soir calmeront certainement ce laisser allé et demain je n’y penserai plus.
Georges Renaud, Mercredi midi le 8 Septembre 1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
[...] si il y avait déjà autant de malades à pareille époque je me demande ce que ce serait pour l’hiver cette vilaine saison me fait presque peur et c’est pourquoi je n’ose trop me plaindre pour l’instant tant que je verrai le soleil je serai content et les journées sont encore longue malgré qu’à six heures il fait nuit mais quand il me faudra me coucher à quatre heures ce que je trouverai le temps long et moi qui dors très peu dans la tranchée en grelotant je pourrai pensé à mon aise à ceux que j’aime et que je voudrais tant pouvoir embrasser.
Je vais m’efforcer de suivre ton conseil de me remonter dans ces moments de découragements mais ce sera je crois bien pénible enfin je tacherai et je t’empries ne te desole pas à ce sujet je t’en ai trop dit puisque je t’ai fait pleurer mais puisque je te le repete il y a des moments c’est à se demander si l’on ne devient pas fou il est vrai qu’il y a presque de quoi enfin ayons confiance et peut être nous en aurons la fin cela ne serait pas dommage.
Georges Renaud, Jeudi 8 heures le 16 Septembre 1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Je te plains en effet s’il te faut déjà mettre une brique dans ton lit mais je n’en suis pas surpris car je me souviens parfaitement ce que tu me gelais quand tu venais te coucher je sais que je te grondais j’avais grand tort car à cette heure ce serait avec plaisir que je voudrais pouvoir te réchauffer
Je te remercie infiniment de tes cinq francs malheureusement je ne puis pas m’en servir pour l’instant car il n’est pas possible de nous faire parvenir quoi que ce soit ainsi cette période je viens de me trouver huit jours sans tabac obligé d’en fumer du gros enfin ce ma j’ai pû en raccrocher un paquet vers un homme qui venait de recevoir un colis rapporté par un permissionnaire et c’est encore ce qui nous manque le moins aux tranchées tu peux juger du reste.
[...] lorsqu’il m’invita a dejeuner pour onze heures j’étais très embarrassé et ne savais comment faire il le vit et insista je dû donc accepter et m’y rendre à l’heure militaire pour avoir bien déjeuné pris un bon café rhum vers une heure nous avons pris notre temps mais c’est si rare qu’il ne faudra pas m’en faire de reproche je lui demandé l’autorisation de me rendre à mon poste c’est alors qu’il me remis l’argent que tu lui avais confié je t’en remercie infiniment ainsi que mon père auprès de qui tu voudra bien le faire pour moi mais ma chérie tu es trop bonne et je crains que cela te fasse défaut et puis c’était beaucoup trop à la fois c’est bien inutile d’avoir tant d’argent dans la tranchée puisque l’on ne peut rien acheter mon amour ne me renvoie donc rien avant que je te le demande surtout de l’argent j’en ai au moins pour un mois en cas je te le signalerais. C’est donc te dire que j’ai passé deux journées presque heureux et je promets ma femme adorée que j’en avais grand besoin depuis quelques temps j’étais à moitié loup phoque j’espère que cela ne m’arrivera plus
Georges Renaud, Samedi 8 heures le 18 Septembre 1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Je vois que ma grosse cocotte à déjà des bonnes intentions pour la correspondance mais d’ici qu’il ne fasse un litterateur il faudra lui donner encore pas mal de leçons donnes mon amour de gros baisers à ma cocotte chérie pour l’encourager à écrire au petit papa qui serait si content de pouvoir le faire lui même. Tu embrasseras également ma mère et surtout n’oublie pas de remercier mon père car pour cette fois il le mérite.
je t’assure mon trésor que pendant ces deux jours nous ne l’avions pas belle pas moyen de rien trouver à peine de l’eau à plus forte raison du vin donc de la grande impossibilité de se laver et cependant j’en avais besoin heureusement un de mes amis ayant recu six colis d’un seul coup m’invita à manger avec lui les deux jours c’était vraiment malheureux de si bien vivre et d’en être réduit à boire de l’eau avec de l’argent dans sa poche bien lui en prit à cet ami car s’il nous eut fallut traîner ses provisions hier.
Georges Renaud, Jeudi 10 heures le 23 Septembre 1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Aujourd’hui il n’y a pas de comparaison nous avons tout ce qu’il nous faut mais par exemple à quel prix ainsi le vin quinze sous nous allons demain faire une poule en sauce la poule seulement nous coûtera cinq franc et nous sommes six pour la manger je t’assure que si nous n’avions que cela nous n’aurions pas suffisament tu avoueras que c’est vraiment trop cher.
Ne t’inquiète pas pour moi ma Chérie je ne souffre pas du tout en ce moment et nous nous soignons assez bien entre six Camarades que nous sommes ainsi hier j’avais acheté un lapin qu’un de nous à fait cuire au vin et qui était excellent pour aujourd’hui un plat de frites et une poule en sauce blanche le tout arrosé de vin blanc oh très peu on en trouve déjà plus tu trouveras probablement que je fais la noce et bien ma fois tant pis je veux cette fois repartir presque sans un sou à quoi bon en avoir et je prierai mon amour de ne m’en renvoyer que quand je te le dirai de même que pour les colis ne t’inquiete pas je n’aurai absolument pas besoin de rien.
Georges Renaud, Samedi midi le 25 Septembre 1915
Je ne t’ai pas encore parlé de l’aspect du pays ou je me trouve et que je voudrais bien te nommer chose qui ne m’est pas permise. C’est une commune à peu près de la même importance que chez nous mais beaucoup moins étendue les rues ne sont point larges et les maisons très basses et assez anciennes d’un aspect plutot pauvre aucune maison bourgeoise toute de culture avec écurie et grange pas de cour ou presque pas tu ne vois pas de volailles quelleque poules avec leurs poussins seulement ce qui me pousse à croire que le pays n’est pas très riche au milieu du village une petite église très basse mais dont l’intérieur est très coquet ce qu’il y à de remarquable surtout est un chemin de croix en bois sculté avec personnage détaché en relief et qui je crois est d’une richesse incomparable elle est surmontée d’un tout petit clocher très large dans lequel se trouve une horloge qui à peu de chose près la même sonnerie que le nôtre sauf qu’il sonne très vite. Les alentours sont très coquets rapport à ce qu’ils sont très vallonnés et garnis de charmants petits bois de sapins qui embaume le soir. J’oubliais de te dire qu’il y a de l’eau à volonté dans tous les coins du village et puis un petit ruisseau en bas du pays ou nous allons nous laver la figure et ou tu peu laver ton linge car il y a deux jolis lavoirs sur ce ruisseau l’eau est plus ou moins propre mais sommes en guerre on n’y regarde pas de si près.
Georges Renaud, Le 28-9-1915
Ce matin nous sommes allés à l’exercice comme d’habitude mais nous étions rentrés de bonne heure car à 9 heures et demie il y avait un service à l’église pour les morts du bataillon presque tous les officiers y assistait et l’église était trop petite pour tenir tous les hommes j’y suis allé et j’en suis bien content car c’était très noble depuis le plus petit au plus grand je t’assure qu’ici personne ne s’occupe des opinions de chacun et que tous les soldats sont plutôt pieux.
J’étais fatigué voici pourquoi je viens de passer deux nuits et une partie de la journée d’hier en chemin de fer sans compter le chemin à pied et cela sans dormir alors tu penses si je me suis étendu hier soir et ce matin me voila prêts à repartir. Nous avons donc quitté notre secteur et nous voici dans la Marne je suis dans un pays portant le nom de famille du Melot je ne sais combien de temps nous y séjournerons probablement pas très longtemps. Enfin il faut en finir autant tout de suite que plus tard et soit sans crainte ma chérie Dieu me protégera et nous donnera la victoire.
Georges Renaud, Mercredi 8 heures le 29-9-1915
La santé suit son cours je dirai même plus je me suis rarement aussi bien porté et cependant nous couchons sur la terre humide de rosée et par des nuits très froides en raison du brouillard et tout simplement nos toiles de tentes pour nous garantir de l’humidité et une couverture pour le froid et chose extraordinaire même pas un homme n’à le rhume c’est à n’y rien comprendre il faut croire que l’on s’aguerrit très bien. J’ai touché hier les fameux casques pour l’armée je t’assure que je fais triste figure sous ce monument je l'appel ainsi car il est très lourd mais d’une grande utilité contre les balles et les eclats.
Georges Renaud, 9-10-15 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Je vois mon amour que vous avez à peu prêt le même temps que nous je m’étais bien douté que tu te servais déjà de briques c’est qu’en effet je ne suis pas là malheureusement pour te servir de cruchon et moi de mon côté cela ne m’empêche pas d’avoir froid tu me diras le mal de l’un ne guérit pas celui de l’autre mais quand même il me semble que je serais beaucoup mieux couché dans un bon lit bien blanc que de coucher sur la terre enfin on si habitue mais passe moi l’habitude.
Georges Renaud, Dimanche 7h le 10 Octobre 1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Donc c’est toujours mon trésor mon même genre de vie rien ne change cela devient même énervant mais heureusement pas dangereux ce qui est déjà une consolation pour toi combien de temps cela durera je l’ignore ce qui m’ennuie le plus en ce moment c’est que je n’ai plus que le linge que je porte sur mon dos tu le trouveras probablement étrange et tu me gronderas sans nul doute de ne pas faire attention à mes affaires et cependant ce n’est pas ma faute parce ce qui m’est arrivé un matin on nous fit débarrasser complètement nos sacs pour nous encombrer d’engins de toutes sortes alors nous avions tous placés le contenu dans nos couvertures mais au bout de deux jours comme il faisait très froid il fallut nous les rendre oui mais tout le régiment les avait mélangées ces couvertures et pour reconnaître la sienne et encore c’était la nuit j’y suis bien retourné le lendemain matin impossible de rien retrouver et comme tout mon linge était propre et bien raccomodé et que la majeur partie en avait du sàle sur le dos tu penses s’ils eurent vite changé alors moi et puis bien d’autres encore dont Charpentier tant qu’à ramasser du linge pourrit j’ai préféré ne pas en avoir de quoi je suis le plus privé ce sont mes chaussettes car j’en ai une paire dans les pieds depuis au moins un mois inutiles de te dire si elles sont sàles.
C’est vraiment bien ennuyeux ma chérie si on parle d’arrêter l’usine il faut espérer que les patrons finiront bien par trouver du charbon quand au transport evidemment cela doit être très difficile et inutile de me dire pourquoi je le sais parfaitement bien mais pour les vivres je crois que les commercants exagères un peu leurs prix aussi ce sera en effet bien pénible pour l’hiver c’est à se demander comment certaine famille vont faire malgré que j’espère encore que nous rentrerons bientôt et il serait je crois grand temps.
Georges Renaud, Vendredi 11 heures le 15-10-1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
En effet la pauvre petite femme du petit Jurain doit être au comble de sa désolation si elle est sans nouvelles de son mari depuis le mois dernier mais elle a peu être tort de se faire autant de mauvais sang il est sans doute blessé grièvement et ne peut lui écrire il faut toujours conserver un peu d’espoir c’est si bizard ce genre de guerre. Je me rappelle parfaitement bien de ce Lancenot que veux tu évidemment une mort semblable est bien terrible mais au moins il ne laisse nulle misère ce qui n’empêche pas d’être bien malheureux pauvre garcon il ne pensait pas à cela il y a un mois il devait être si heureux d’être en permission.
Georges Renaud, Lundi 2 heures le 18-10-915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Nous avons ma chérie toujours un temps superbe ce qui n’empêche pas les nuits d’être très froides il est vrai que jusqu’à midi il y a un brouillard des plus intenses ce qui rend la terre très humide et il faut coucher dessus tout de même je dis terre j’ai tort attendu que c’est de la craie aussi depuis que nous sommes dans un terrain semblable et sans nous laver ni même nous secouer tu peux te representer dans quel état nous sommes complètement blanc enfin il vaut mieux être sàle que pendu(?) cela durera peut être moins longtemps.
Ce à quoi je ne m’attendais pas c’est à un colis je t’assure que lui aussi ma chérie fut le bien venu car ayant pris connaissance de la lettre je m’empressai d’ouvrir ce colis quelle joie pour moi en appercevant du linge surtout si blanc depuis longtemps déjà je n’avais vù le pareil et de suite je mis les chaussettes j’en avais grand besoin figure toi que les autres étaient colées après mes pieds à tel point que j’ai pù à peine les enlever ce n’était donc pas surprenant que j’ai eu aussi froid aux pieds et le passe montagne je l’ai passé également de suite et je m’en trouve très bien je te remercie donc infiniment ma chérie car ce bien être que j’eprouve en ce moment c’est toi qui me l’a procuré je ne t’en serai jamais assez reconnaissant.
Georges Renaud, Mardi 9 heures le 19-10-1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Quand aux flanelles il n’est pas utile de m’en acheter car tu te souviens que depuis longtemps déjà je n’en portais plus mais il fait si froid que je vais les reporter heureusement que j’avais gardé les miennes c’est d’ailleurs tout ce qui restait dans mon sac je l’ai avais conservées pour que mes vivres de réserve ne me blesse pas le dos je crois que j’avais eu une riche idée j’aurais bien dû en faire autant pour tout le reste mais je ne pensais pas que ce serait volé.
Je te fais mon amour mes félicitations sur ta paye de septembre je vois que tu as eu bien de la peine mais je suis certain que tu ne regarde pas à cela attendu que tu gagne de l’argent et moi qui ne fais que de t’en dépenser par moment cela me révolte et pas moyen de faire autrement.
J’attendais ce matin oh ! Sans attendre une petite carte car ma chérie moi aussi je serais si heureux d’avoir de tes nouvelles tous les jours comme tu dois en avoir maintenant ou du moins je le pense puisque je t’écris tous les jours en fin tu feras ce que tu voudras peut être n’as tu pas le temps de le faire mais je t’assure que cela me ferait bien plaisir. C’est toujours notre même genre de vie et je commence d’être de l’avis de Clave j’en ai presque suffisament et je ne pleurerais pas d’en voir arriver la fin je crois malgré tout que cela ne sera pas très long car nous commencons tous d’être passablement fatigués mais ne sommes pas trop gras pour le moment d’ailleurs rien de surprenant à cela attendu que nous ne faisons qu’un seul repas par jour et l’on prétend ne pas pouvoir faire autrement en tout cas pour mon compte personnel je trouve que c’est plutôt court et si je n’avais pas mon amour ce que tu m’envoi je crois que je serais loin d’être à la noce.
Georges Renaud, 20-10-1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Non ma chérie il ne faut pas exagérer les choses on ne peut certainement pas nous faire mourir de faim certainement un seul repas est bien court surtout que nous mangeons froid mais avec ce que tu m’as envoyé je m’arrange bien pour ne pas avoir faim ce dont je souffre le plus ce serait plutôt la soif car nous sommes très éloignés de l’eau potable et par conséquent il faut l’économiser.
Georges Renaud, Jeudi 21-10-1915 11 heures 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Je suis heureux pour toi si l’usine ne s’arrête pas c’est que cela te permets bien de vivre je me trouvais très étonné que les patrons ne s’arrangent pas pour cela car ils sont les premiers à en tirer profit. Je vois que notre fils devient un artiste tous les jours je vois d’ici son barbouillage et l’audace qu’il doit avoir à ton atelier.
J’ai vu Charpentier ce matin je n’étais même pas levé c’est à dire que je m’étais recouché. J’avais fais travailler mes hommes jusqu’à minuit et ce matin nous avons fini de manger la soupe à cinq heures c’est pourquoi j’avais fais le paresseux.
Pensant être relevé hier et me sachant un colis en route je ne m’étais pas laisser avoir faim et j’avais mangé presque tout ce qu’il me restait bien mal m’en pris car nous sommes plantés en première ligne pendant encore au moins une dizaine de jours ce n’est pas de chance mais il faut tout de même si conformer n’est ce pas ma chérie que j’ai été bien gourmand mais que veux tu je craignais être trop chargé et avoir trop de chemin à faire c’est que souvent je trouve le sac bien lourd et la route bien longue enfin j’espère que malgré que n’ayant qu’un seul repas par vingt quatre heures je n’aurai pas faim tout de même quand au tabac il fut le bien venu malheureusement je ne suis pas prêt d’en retoucher.
Georges Renaud, Samedi midi le 23-10-1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Depuis plus d’un mois je ne suis pas lavé et je n’ai pas changé de linge te dire dans quel état je suis tu ne peux pas ma chérie t’en faire une idée il faudrait pour cela que tu me vois et c’est malheureusement bien impossible mais tu dois comprendre tout de même que je ne suis pas de ces plus propres si tu me voyais tu ne voudrais pas m’embrasser tant j’ai la figure noire et je ne suis d’ailleurs pas rasé.
Non certes je n’ai pas faim mais si je n’avais pas tes colis je ne manquerais pas à ma faim voici d’ailleurs ce que nous touchons le matin à cinq heures un quart de bouillon la majeure partie du temps à l’eau ensuite un quart de riz une portion de viande un tiers de litre de vin autant de café et un peu de goutte pour en goûter de l’eau pas toujours à sa soif une demie boule de pain et en voila pour vingt quatre heures et cela déjà depuis un mois je crois mon amour avec un tel menu on ne peut vraiment pas trop engraisser et tu peux croire que je me charge de déguster le contenu de tes colis.
Georges Renaud, Lundi 10 heures le 25-10-1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Te souviens tu mon amour cet ami avec qui j’avais mangé un lapin étant au repos à Lignières il est vrai qu’il y à déjà longtemps lui reçoit une grande quantité de provisions de la part de ses patrons qui sont très riches au moins deux colis par semaine sa femme lui en envoie un ainsi que sa mère alors nous partageons le tout avec son frère qui est à la même compagnie heureusement nous avons cela nous sommes presque d’heureux bourgeois mais si nous ne l’avions nous serions un peu dans le genre du chien de garde attendant sa soupe le matin soupe qui ainsi que tout le reste est toujours froide hier soir je suis parvenu à me faire un peu de chocolat à l’eau depuis quinze ou dix huit jours je n’avais rien pris de chaud et ma fois je t’assure que je l’ai trouvé excellent surtout avoir été aussi longtemps sans rien prendre de chaud.
Georges Renaud, Mardi 11 heures le 26-10-1915
Nous sommes au repos je t’assure ma chérie on ne s’en douterait guère ainsi vois tu l’heure qu’il est depuis le matin je n’ai pas eû une seule minute à moi et je peux encore te tracer ces quelques mots avant de manger la soupe et à 1 heure il faudra partir à l’exercice jusqu’à cinq heure nous n’avons donc pas le temps de nous ennuyer car ce n’est pas souvent que nous sommes tranquille malgré tout j’aime mieux cette vie que la vie de tranchée il n’y a pas de comparaison on ne risque déjà pas de se faire amocher.
Georges Renaud, Vendredi midi le 29 octobre 1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Ne t’inquiète donc pas ma chérie je ne suis pas trop malheureux pour l’instant il faudrait même que cela puisse durer assez longtemps je suis très bien nourris et je trouve du vin à raison de quatre vingt centimes le litre je te dirai même mon amour ne gronde pas que hier tout en me nettoyant je lui avais fait bonne fête il est vrai que j’en étais privé depuis si longtemps que j’étais vraiment heureux d’en boire un peu ce qui ne veut pas dire que j’étais gris non pas mais très gaie on est si malheureux la haut et il faut si peu de vin pour griser car on est sans force.
Je me suis peser ce matin et par un effet du hazard mais ma chérie je me suis trouvé très surpris du poids que je fais je ne pouvais même pas le croire moi qui me croyais très maigre je l’ai même fais à deux fois pour en être plus certain je fais soixante deux kilogs j’ai rarement peser davantage certainement tu en sera surprise aussi il faut croire que le corps est bien rompu à toutes ces souffrances.
Je ne t’avais jamais parlé de mon prêt pour la bonne raison que je n’avais rien touché encore ce mois si mais nous avons eût le prêt ordinaire je ne sais pas quand on nous versera le reste peut être à la fin du mois.
Ton colis qui est arrivé à point puisque je l’ai recu en remontant aux tranchées et tu sais ce que nous y touchons par conséquent inutile de te dire qu’il fut le bien venu malheureusement je n’avais pas de pain mais j’ai à l’heure actuelle de quoi manger jusqu’à demain et j’espère que nous serons ravitaillés de très bonne heure demain matin et cette fois j’ai du tabac au moins pour une dizaine de jours et je suppose ma chérie que je ne serai pas ce temps en ligne cela ne serait pas à faire avec le peu de repos que nous avons eû je crois que nous ne pouvons pas resister longtemps.
Georges Renaud, Mercredi le 3-11-1915 2 heures 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Notre section c’est trouvé hier un peu groupée et je suis bien content car moi j’ai conservé tous mes hommes pas un n’a une écorchure si seulement je pouvais continuer j’en serais vraiment heureux mais c’est bien douteux.
En effet je ne t’avais jamais parlé de ton tu pous car je n’ai pas eû le temps de me rendre compte de son efficacité ces jours derniers un éclat d’obus mit en pièce une de mes musette et ce qu’il y avait dedans heureusement j’en avais le matin même retiré toutes mes conserves mais la plus grande chance surtout c’est que cette musette n’est pas été après moi car j’aurais certainement été blessé enfin ma chérie c’est des petites détails qui passe inappercu pour moi on est habitué à tout cela.
Georges Renaud, Vendredi 11 heures le 5-11-1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Venons en aux bagues non je ne t’avais pas oubliée et comme je pensais aller en permission sur la fin du mois dernier malgré que ne t’en ayant jamais parlé de peur de me tromper et j’ai eu raison tu sais ce qui est arrivé alors j’avais moi même acheté des bagues pour les faire finir par un homme de mon escouade mais avant notre départ il est passé au génie en emportant mes bagues naturellement et ici ma chérie ce n’est pas le moment de penser à faire des bagues il y a malheureusement d’autres occupations bien moins agréables mais si nous allons au repos je ferai mon possible pour toi.
Georges Renaud, Dimanche matin le 7-11-1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Je comprend en effet que vous faites vous aussi la guerre à votre facon mais heureusement mon amour elle n’a rien de comparable avec la nôtre je t’en prie ne te désole donc pas ainsi car alors quesqu’il me faudra dire moi qui suis séparé de toute affection et qui ai déjà vû tant d’amis disparaître il faut vraiment avoir le cerveau bien solide mais par moment les nerfs sont terriblement tendus je ne m’explique pas comment on ne devient pas fou de voir des choses aussi épouvantables odieuses même qu’il n’est pas possible de les répresenter il faut les vivres pour en être absolument convaincu et encore on oublie bien vite ses moments pénibles.
Georges Renaud, Mardi midi le 9-11-1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Tu voudrais que je profite de cette permission je t’assure ma chérie que moi aussi j’ai hâte d’y aller car dans ce coin ci je vois l’heure et le moment ou je vais me faire crever la peau et je n’aurai même pas eù le bonheur de vous revoir et ce serait cependant ma seule consolation. Mais ici il n’en est nullement question enfin j’attendrai patiemment que les permissions sois retablis et que mon tour arrive.
Georges Renaud, Samedi 1 heure le 13-11-1915
Nous mangeons donc toujours de la même facon et tu pense ma chérie ce que c’est froid quand cela arrive mais ce qui est le plus pénible c’est la soif et presque pas d’eau enfin rien à manger rien a boire plus de papier à lettre plus de tabac en un mot rien et il faut rester tout de même sous cette terrible mitraille et jour et nuit une pluie glaciale vous fouettant le visage il y à dans les boyaux de la boue à mis jambes c’est donc la misère que cet hiver je préférerais un peu de froid.
J’ai ma chérie cette fois grand espoir d’aller en permission car elles remarchent aujourd’hui même et je pensais aller te surprendre c’est surtout la raison pourquoi je n’avais pas envoyé de mes nouvelles car comme tu l’avais prévu je suis nommé sergent depuis le 16 courant je croyais donc être le premier à partir mais non il s’en trouvait un sergent également venant d’une autre compagnie enfin cela me fait un retard d’un mois environ ce sera vite passé je fus donc trop ambitieux en voulant te faire et la surprise de mon arrivée et celle de mes galons comprend tu mon amour pourquoi je suis resté trois jours sans écrire pardonne tu sera gentille je croyais être si certain de partir.
Georges Renaud, Samedi 8 heures le 20-11-1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Nous avons ma chérie cette fois touché une chemise et les effets d’hiver chandail entre autre je suis favorisé c’est le lieutenant qui me l’avait choisi et il doit si connaître il est dans le genre de celui que tu m’as envoyé je voudrais meme bien qu’il soit à la maison cachenez gants et peau de bique nous voila donc équipés pour l’hiver heureusement car il fait froid.
Pourquoi ma chérie trouver drôle que je ne t’ais pas parlé de cette attaque que Charpentier parlait d’abord une heure avant je l’ignorais ensuite me croirais tu donc assez simple pour te raconter des choses pareilles ne te fais tu pas assez de mauvais sang à mon sujet sans que moi par fantaisie je vienne troubler le peu de repos que tu as non cela je ne le ferai jamais pas plus pour moi que pour d’autre je t’annoncais la mort de ce pauvre Martin je n’avais qu’une crainte que tu es compris Charpentier n’a pas pensé mal faire mais je crois qu’il aurait été préférable qu’il se taise.
Georges Renaud, Lundi midi le 22-11-1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Les permissions marchent mais moitiés moins vite que j’avais pensé tout d’abord enfin j’ai espoir d’être parmis vous pour le jour de l’an si toutefois rien n’arrive d’ici là et tu pourras dire à ma grosse cocotte que je lui emporterai une bague si toutefois il est bien sage car j’en ai trouvé une charmante il ne me reste donc plus que toi et ma mère mais je pense avoir fait le nécessaire pour vous donner satisfaction.
Je suis désolé ma chérie que ton bois ne soit pas encore rentré à pareille époque si tu n’en a pas de reste de l’année dernière je vois d’ici ce que tu souffriras cet hiver avec du bois mouillé mon père aurait bien fait il me semble de se diligenter un peu mais cela à toujours été son habitude. Evidemment mon amour dans les régiments comme celui de Barbier les permissions n’ont jamais été suspendues il n’en est pas de même pour nous autres pauvres fantasins enfin avec un peu de courage et de patience peut être j’en viendrai à bout tout de même.
Georges Renaud, Mercredi 1 heure le 24-11-1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
J’ai recu ce matin ta lettre du 24 et je t’assure qu’elle me fit réellement plaisir pourquoi je ne le sais exactement sans doute parce que je vous sens tous très heureux de ma nomination[1] en tous cas elle me procura une joie que j’éprouve rarement quand je reçois une lettre est ce que par hasard je me sentirais fier de porter ces galons je ne pense pas cependant car vraiment j’en ai fait trop peu de cas tout de suite après malgré que je veux toutefois rester digne et savoir en tout et partout les faire respecter mais je veux dire qu’il n’y eut rien de changer dans mes habitudes pas plus que dans mes manières et malgré moi je dois me rendre compte que je dois me faire obeir ou alors je serais responsable.
[1] Georges vient d'être nommé sergent. Georges Renaud, Dimanche midi le 28-11-1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Je vois en effet la joie de cette bonne mère quand tu lui a eû dis ce qui se passait elle qui n’avait pas rêvé autre chose pour moi elle doit être certes bien contente mais je suis surpris que mon père est pris part à cette joie lui d’habitude si indifférent quand il s’agit de moi est ce que par hasard sur ces vieux jours viendrait il à des idées meilleures j’en serais ma fois fort surpris.
Nous sommes ma chérie tout de même moins malheureux c’est toujours le même repas mais on nous tolère de faire du feu la nuit alors on s’arrange pour manger chaud et tous les matins un homme me fait mon chocolat à l’eau et puis je me prive moins puisque je gagne davantage je fais rapporter quelque chose de temps à autres.
Je suis bien content mon amour qu’il te reste suffisamment de vieux bois pour ton année mais ce qui m’ennuie c’est de sentir que celui de cette année ne soit même pas fini de scier enfin si je vai vous surprendre un beau soir d’ici un mois environ je tacherai bien moyen de le débarrasser pendant ma permission je ne craindrai pas moi le froid aux doigts notre grosse cocotte a vraiment un petit toupet qui n’est pas ordinaire pour parler ainsi à son grand père mais je suis bien surpris qu’il ne s’en fache pas il faut qu’ils soit une paire d’amis car je me souviens il n’aurait pas fallut que moi j’en dise le quart pour avoir droit à ma petite correction enfin puisqu’il le prend du bon côté tant mieux moi je ne vois pas d’inconvénient mais sa mémère doit joliment rire en dessous.
Georges Renaud, Mercredi 2 heures le 1er-12-1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Je t’avais en effet parler que je me faisais monter quellesques provisions mais c’est bien peu de chose un peu de beurre et une fois deux bouteilles de vin pour cinq francs enfin cela faisait plaisir tout de même quand on est privé de tout tu me dis mon amour que tu croyais que les sergents étaient mieux soignés non depuis que nous sommes en champagne nous mangeons avec les hommes mais j’espère que nous allons pouvoir nous réorganiser pour vivre à part évidemment cela me coutera plus cher et naturellement je dépenserai un peu plus mais je tâcherai de m’arranger tout de même.
Georges Renaud, Mercredi 10 heures le 8-12-1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53
Non seulement ma chérie les permissions ne vont pas vite mais elles sont de nouveau suspendues pour quelques jours mais je ne pense pas toutefois être retardé donc ne t’énerve pas trop je vois maintenant arriver mon tour à grand pas il n’y a plus que patience encore une douzaine à partir avant moi ce sera vite fait.
Je remplis à nouveau d’autres fonctions je suis nommé vaguemestre cela me rappelle un peu mon ancien métier je crois que je serai tranquille.
Nous avons toujours le même temps de pluie on patauge toute la journée dans la boue si bien que le soir on couche sur la paille qui ressemble à du fumier enfin c’est tout de même bien préférable aux tranchées.
Georges Renaud, Vendredi 9 heures le 10-12-1915
Les permissions ne sont pas encore reprises mais cela ne saurait tarder donc plus que patience.
Je n’ai rien reçu de toi hier et rien aujourd’hui c’est vraiment embètant d’être sans nouvelles d’ailleurs depuis dimanche le courrier n’arrivent pas bien nous n’avons jamais celui du jour c’est celui de la veille il parait que sa dèpend des trains qui on beaucoup de retard et ce matin Msieur Normand à rapporte qu’il y avait eu un accident de chemin de fer entre Dijon et Ruffey et il parait qu’il y avait un train de permissionnaires et qu’il y en à au moins 50 tués et beaucoup de blessé c’est vraiment malheureux ce faire tue ainsi en allant en permission.
Louise Renaud, Longchamp le 16 Décembre 1915
Alors je suis revenue hier tantôt de chez vous car l’on faisait la paye du mois de Novembre et tu penses quand ma cocotte chérie m’a vue partir il était inconsolable il voulait s’en venir avec moi tu penses pauvre chéri sa me faisait de la peine de le voir pleurer [...] j’ai touché 43 francs de mon moi.
Si tout continue je compte partir Jeudi soir pour arriver je pense vendredi à midi quel bonheur pour moi mais il ne faut pas trop se rejouir à l’avance enfin comme Charpentier part deux jours avant moi il pourra te renseigner sur mon arrivée.
Georges Renaud, Le 18-12-1915 27e d’Inft, 11ème compagnie, Secteur 53